Symposium de Jackson Hole : prendre de la hauteur

Monthly House View - Juillet 2025 - Téléchargez ici

Alors que l’été approche, beaucoup d’entre nous espèrent souffler un peu après un premier semestre mouvementé. Pendant ce temps, les banquiers centraux resteront à pied d’œuvre. Chaque année, la Réserve fédérale (Fed) de Kansas City organise à Jackson Hole, dans le Wyoming, un symposium devenu l’un des plus emblématiques au monde pour les acteurs de la politique monétaire. Dans un contexte mondial incertain, cet événement prend une importance accrue. Garantes de la stabilité, les banques centrales offrent une perspective macroéconomique essentielle, tout en préservant leur indépendance.

Lors d’un séjour personnel à Jackson Hole, j’ai été frappé par la beauté du site. Le choix du lieu s’explique facilement : il permet des discussions approfondies, à l’abri de toute distraction. La première édition, en 1982, fut inspirée par la passion de Paul Volcker pour la pêche à la mouche. Cette année, 120 participants triés sur le volet —chercheurs académiques, banquiers centraux, quelques journalistes — y seront présents. 


LE DILEMME DES BANQUES CENTRALES

Le symposium de cette année intervient à un moment où les banques centrales affrontent des défis spécifiques mais partagent des préoccupations similaires :

Fed : « Baisser ou ne pas baisser les taux ? » 
L’inflation reste un risque, mais les effets des taxes douanières peinent à se matérialiser pour le moment. Ainsi, le chiffre de mai a été le quatrième consécutif en dessous des attentes. Par ailleurs, les déficits budgétaires et leur impact sur les marchés obligataires seront au cœur des échanges.

Banque du Japon : « Relever ou non les taux ? » 
L’inflation au Japon dépasse largement son niveau cible, mais les anticipations de hausse de taux se sont atténuées. La politique monétaire de resserrement quantitatif, amorcée l’été dernier, est mise à l’épreuve alors que la Banque du Japon affronte la courbe des taux la plus pentue des pays développés. Elle pourrait devoir recourir à nouveau à un assouplissement quantitatif mais sélectif sur la partie longue afin de stabiliser son marché obligataire.

BCE : « Réduire – mais jusqu’où ? » 
Christine Lagarde aborde ce sommet en position plus favorable. La Banque centrale européenne (BCE), première à réduire ses taux en juin 2024, les a divisés par deux en un an. L’inflation est maîtrisée, les écarts de taux sur les obligations périphériques se sont resserrés, et les marchés obligataires sont stables. Une dernière baisse est envisageable après l’été, suivie d’un long statu quo.


LE DILEMME DES INVESTISSEURS

L’économie américaine continue de faire preuve d’une résilience remarquable, malgré une scène politique agitée et les tensions liées aux droits de douane. L’inflation est stable, la consommation des ménages tient bon, et le marché du travail ne montre pas de signes de faiblesse majeurs. Sommes-nous à l’orée d’un été de type goldilocks, ni trop chaud, ni trop froid ?

Si notre scénario économique d’avril restait prudent, il apparaît désormais que le pire a été évité. Sans prévoir une franche réaccélération, nous recommandons de rester ouverts aux opportunités. Plusieurs échéances cet été pourraient raviver la volatilité des marchés — nous restons donc en veille pour repositionner nos portefeuilles le moment venu.

À l’échelle mondiale, la prudence domine encore, comme en témoigne la faible exposition aux actifs risqués. Toutefois, les investisseurs particuliers, les entreprises via leurs rachats d’actions et les hedge funds, augmentent progressivement leur prise de risque, surtout depuis le rebond d’avril. Les institutionnels, plus lents à réagir, pourraient réorienter leurs portefeuilles vers les actions dans les mois à venir.

Enfin, l’évolution du dollar américain mérite une attention plus soutenue. Tandis que les actions américaines flirtent avec leurs sommets historiques, le dollar continue de s’affaiblir. Ce mouvement, de plus en plus visible, pousse les investisseurs internationaux — nous y compris — à couvrir leur exposition au billet vert. Les données récentes montrent une hausse notable des stratégies de couverture sur les actifs américains, traduisant un changement de perception. Il ne s’agit pas d’un désengagement massif, mais bien d’un rééquilibrage avisé. Notre position à l’égard du dollar reste ainsi prudente.

Comme toujours, nous restons vigilants face à la complexité de l’environnement actuel, afin de maintenir nos stratégies alignées avec les dynamiques des marchés. 
 

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Monthly House View, 20.06.2025. - Excerpt of the Editorial

 

30 juin 2025

30 juin 2025

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